La Fuite du Cerveau – Einstein vaut mieux que deux tu l’auras

18 avril 1955. Albert Einstein, cet éminent scientifique dont vous avez sans doute entendu parler, rend son dernier souffle. Alors que le monde entier est en émoi, le médecin légiste Thomas Stolz en charge de l’autopsie a une soudaine et saugrenue idée: dérober le dit cerveau pour sonder le génie dans ses moindres recoins. Contraint de cacher comme il peut un Einstein trépané, et de convaincre sa collègue Marianne de le seconder dans sa quête amorale et désespérée, Stolz, qui espérait la gloire et la reconnaissance va, au contraire, se retrouver à l’épicentre d’une poursuite démente entre le FBI, les paparazzi et autres hommes de science peu scrupuleux.

Un jour dans le futur, lorsque l’on sera prêt à regarder dans le rétroviseur et s’arrêter sur une année 2020 qui aura mis tout le monde le genou à terre, lorsque ce jour viendra, et que nous serons prêt à trier le bon grain de l’ivraie, il est certain que la sortie, la lecture et le plaisir monstre que prodigue la prodigieuse Fuite du Cerveau figurera en haut de la liste… Signée et soignée par un Pierre-Henry Gomont au top de son art, La Fuite du Cerveau est une virée cartoonesque pimpante et menée tambour battant qui use de toute la grammaire possible du 9ème art. Avec son sens du découpage, du tempo et de son adresse pour une narration omnisciente pleine d’ironie, l’auteur choie les péripéties et les émotions de ses personnages avec une minutie telle qu’il est impératif d’en apprécier l’adresse et l’attention.

Se basant sur une histoire dite vraie, le dessinateur démystifie Einstein tout en lui rendant une humanité folle, triviale et touchante. Dans son rôle de scientifique raté, Stolz est à la fois pathétique, touchant, dérangeant et complètement maladroit. Seule Marianne, embarquée presque malgré elle dans ce road movie improbable et cocasse, semble avoir encore un peu de bon sens dans ses neurones. Portant les rênes de sa comédies vers des sommets de beauté et de dinguerie, la jubilation communicative de Gomont prend d’assaut tout ce qui est possible et imaginable en bande dessinée. Couleurs pétaradantes, pleines pages à la cinématographie splendides, gags en pagaille, onomatopées fusant ci et là n’ont d’égal que son trait de crayon à la vivacité palpable dans les cases qu’il investit avec maestria.

Sous l’agilité et le talent qu’il déploie, Gomont évoque mine de rien notre propre rapport à la mort, à la gloire, à l’éthique morale et scientifique, et, en passant comme cela, à notre propre place dans le monde. Sa course s’achève par un grand moment de solennité qui ne sera pas forcément celui que l’on croit. Bref, pour toutes les raisons sus-nommées et car il s’agit sûrement là de la comédie dont notre monde a actuellement besoin, il est impératif de vous procurer cet album pour remonter le baromètre de vos synapses autant que celui de votre moral…

La Fuite du Cerveau (Dargaud, France, 192 pages)
Scénario et dessins: Pierre-Henry Gomont.
Publié le 18.09.2020.

Vous pouvez rendre visite à @phgomont sur Un stagram. C’est chouette il fait de chouettes dessins.
Plus d’infos sur la BD en visitant le site de Dargaud juste .

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