Un révélateur d’images. D’émotions. De sens. Dans cet ordre probablement. Thomas Vinau, auteur toulousain venu se réfugier dans la verdure chaleureuse du Luberon, a un talent monstre. Monstrueusement beau. Qu’importe que l’intéressé n’ait pas la renommée qu’il mérite (il n’est, hélas, pas le seul à boxer dans cette catégorie) puisque, quelque part, ceux qui ont eu la chance de tomber sur un ouvrage de l’auteur ont pris à cœur de relayer son existence. En prenant bien soin d’annoncer en préambule que l’on partage des livres de Thomas Vinau de la même manière que l’on révèle une part de soi.
Ouvrir un ouvrage du bonhomme donc, c’est respirer. Mieux. Être complice d’un secret qui s’épanouit. D’un trésor qui s’époumone avec mesure et qui fleurit dans les yeux et dans l’âme. C’est être saisi à la gorge par des phrases qui brillent comme des étoiles dont on n’imaginait pas l’ampleur ou la beauté. Ouvrir un livre, ou un recueil de poésies de cet auteur infiniment précieux, c’est prendre la mesure d’une langue qui fait exister un autre ailleurs. Qui va à l’économie et dont chaque choix lexical s’entrechoque avec douceur, audace, force et beauté ; parfois de petites phrases font de grands échos.
De là où il était, la bataille insignifiante du jour était terminée. Il avait droit au repos. Ses yeux allaient se perdre dans le vide qui se cache derrière la lumière. Et c’était plutôt agréable de couler sur la surface, de s’enfoncer dans le coton du rien. De disparaitre. Sans l’effort de comprendre ou de modifier quoi que ce soit.
La part des nuages
Vinau, c’est la puissance du recul, de la pause, du temps qui s’arrête. Ça n’est pas le poète qui s’observe écrire mais c’est l’homme qui se livre avec sincérité. Le panache discret. Pudique. Thomas Vinau fait feu de tout bois avec des brindilles et l’éclat n’en est que plus beau. C’est un artiste qui contemple le réel pour en tirer une matière poétique de grande portée. Simple sans être simpliste, et qui fait de ces petits riens une somme éclatante de tout.
Que ce soit dans Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (rien que ce titre!), Le camp des autres ou Ici, ça va, on peut se permettre de dire que Vinau réinvente à sa façon une langue dans laquelle se le vent, le soleil, la marche ou la force des éléments bâtissent une ode à la puissance de l’instant. Ses histoires sont vieilles comme le monde : elles parlent de départs, de fugues, d’enfance, de voyages, de parents perdus et d’adultes qui se cherchent. On pourrait citer pêle-mêle une multitude d’écrivains qui a fait cela avant lui. On ne le fera pas. Vinau a sa propre cadence. Sa rythmique bien à lui que l’on écoute comme une chanson de Gregory Alan Isakov ou de Ben Mazué. C’est du folk que l’on lit en stéréo. Cela résonne. Cela fait mouche, cela fait sens. Maintenant plus que tout, c’est de cela dont on a besoin. Il faut lire Thomas Vinau parce que c’est trouver un écho à nos propres errances intérieures.
Des livres pour découvrir Thomas Vinau:
Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (2011, éditions Alma puis 10/18). Disponible là.
Ici ça va (2012, éditions Alma puis 10/18). Disponible là.
Le camp des autres (2017, éditions Alma puis 10/18). Disponible là.
Le site officiel de Thomas Vinau
(c) photo: Marc Chatelain